La sonate à Bridgetower (Sonata Mulattica) d’Emmanuel Dongala

Hello !

Je suis super contente de vous présenter la première chronique de mon blog, sur un livre que j’ai particulièrement apprécié.

A la création de ce blog, je me suis retrouvée en totale panne de lecture, combinée à un sacré syndrome de la page blanche qui durait déjà depuis quelques années.

Complètement dépitée, je me rends chez ma libraire (la Librairie Page 50 à la Krutenau à Strasbourg, un endroit merveilleux que je vous présenterai sûrement un jour dans un article dédié !), et je décide d’errer dans les rayons, à la recherche de quelque chose qui pourrait me surprendre. Je lorgne quelques ouvrages que j’avais déjà vu passer sur Instagram et qui me faisaient envie, mais n’étant pas dans une situation financière très agréable, je décide de remettre leur achat à plus tard et je m’attarde sur les formats de poche, moins coûteux. La couverture chamarrée et les beaux oiseaux attirent mon œil, le livre étant debout sur une étagère à hauteur de buste. Je lis la quatrième de couverture, vois un rapide 1789. Je suis assez intriguée mais pas très convaincue. Et comme je ne parviens jamais à quitter une librairie sans un achat, je le prends, et vais me poser dans un café pour commencer ma lecture. Et là, je suis totalement happée… 


Résumé

N’en déplaise à l’ingrate postérité, la célèbre Sonate à Kreutzer n’a pas été composée pour le violoniste Rodolphe Kreutzer, qui d’ailleurs ne l’a jamais interprétée, mais pour un jeune musicien tombé dans l’oubli. Comment celui-ci est devenu l’ami auquel Beethoven a dédié l’un de ses morceaux les plus virtuoses, voilà l’histoire qui est ici racontée.
Au début de l’année 1789 débarquent à Paris le violoniste prodige George Bridgetower, neuf ans, et son père, un Noir de la Barbade qui se fait passer pour un prince d’Abyssinie. Arri – vant d’Autriche, où George a suivi l’enseignement de Haydn, ils sont venus chercher l’or et la gloire que devrait leur assurer le talent du garçon…
De Paris à Londres, puis Vienne, ce récit d’apprentissage aussi vivant qu’érudit confronte aux bouleversements politi – ques et sociaux – notamment la mise en cause de l’esclavage aux colonies et l’évolution de la condition des Noirs en Eu – rope – les transformations majeures que vit le monde des idées, de la musique et des sciences, pour éclairer les paradoxes et les accomplissements du Siècle des lumières.

Mon avis

J’entre ainsi par une porte dérobée dans l’Europe Occidentale de 1789, à Vienne, à l’aube de la Révolution Française. Dans les salons aux lustres de cristal et aux tapisseries luxueuses, je fais la connaissance de George Polgreen Bridgetower, jeune violoniste prodige de 9 ans qui fait la fierté de son père, Frederick de Augustus Bridgetower. Le jeune George fascine par son coup d’archet, mais également par son origine métissée. Son père, le descendant d’un esclave déporté à la Barbade, est valet pour un prince autrichien, et a épousé Maria, une jeune femme polonaise. Vous vous demandez comment c’est possible ? Eh bien, en Autriche cela était autorisé, alors qu’une telle union était inconcevable en France à la même époque. Et c’est là que j’ai été captivée.

Nous suivons donc le parcours de George, embarqué par son père sur les traces d’un autre enfant prodige – et pas des moindres ! – qu’il admire plus que de raison : Wolfgang Amadeus Mozart. Malgré son jeune âge, et sur les ordres de son père, le petit George va donc se produire sur les plus grandes scènes musicales et dans les salons privés, à Paris, Londres, et Vienne. Au gré de leurs pérégrinations, nous vivons avec eux des rencontres palpitantes avec de grands compositeurs (Haydn, Haendel, Beethoven), des scientifiques et intellectuels comme Condorcet, mais également des premières figures du féminisme comme Théroigne de Méricourt ou Olympe de Gouges. Mais plus encore, le petit prodige va se lier d’amitié avec de grands noms de l’Histoire de France qui sont, eux aussi, d’origine noire.

George grandit, voyage, rencontre de plus en plus de monde dans les hautes sphères de l’aristocratie française, anglaise, allemande et autrichienne. Pendant ce temps, Frederick de Augustus chapeaute la programmation de son fils dans les salles de concerts et négocie le cachet de George. Quand, soudain, la Révolution éclate…

J’ai vraiment adoré m’immerger dans cette époque pré-révolutionnaire, dans les salons littéraires et le monde de la musique classique. J’ai toujours porté un amour assez inconditionnel à Mozart, et lire l’histoire d’un autre enfant prodige m’a fait basculer dans un univers que j’aime beaucoup.

J’ai beaucoup d’affection pour les histoires à caractère réaliste, historique, voire bibliographique, et ce roman m’a donné tout ça à la fois. Car oui, l’histoire de George est bien réelle ! Tout comme la fameuse Sonate à Bridgetower… mais je vous laisse découvrir tout cela !

Je ne suis pas une super fan des descriptions de lieux ou de paysages sur cinquante pages, donc Proust, ce n’est pas pour moi. Ce que j’aime, c’est me balader avec le personnage, comprendre en une ligne ce qu’il voit en un coup d’œil. En cela, l’écriture d’Emmanuel Dongala m’a conquise. Sans connaître ces villes par coeur, j’ai accompagné les promenades de George et de son père dans Paris, Londres et Vienne, sans m’égarer un seul instant. Un pur voyage jusqu’à la Barbade ou dans les déserts d’Afrique sub-saharienne lors de récits de vies d’esclaves rencontrés lors de leur parcours, sans me tromper de chemin durant tout ce tour du monde.

Je me suis vraiment laissée emporter par cet univers, cette écriture très lisse et qui va à l’essentiel, tout en n’étant pas dépourvue de poésie. Une belle histoire qui est parfaite si on a envie de voyager dans le temps et dans l’espace !

Ce roman m’a fait découvrir un aspect de la noblesse que je ne connaissais pas, notamment avec le rapport à l’esclavage au moment de la Révolution, mais également avec la présence de nobles et aristocrates noirs ou métisses. Cela va peut-être paraître fou pour certains ou certaines d’entre vous, mais c’était une question que je ne m’étais jamais posée. Et, d’un autre côté…. à quel moment, dans les films, les livres, à l’école, nous a-t-on appris que certaines des personnalités de l’époque avaient des origines africaines ou caribéennes ? 

Ce sujet m’a donc transportée dans des questionnements auxquels, en tant que femme blanche, je n’ai jamais été confrontée. Le racisme existe depuis toujours, et continue d’exister aujourd’hui, et je pense que l’on a trop souvent tendance à l’oublier. Cet ouvrage permet également de prendre connaissance des traitements infligés aux populations noires, qu’ils soient esclaves ou affranchis, vagabond ou aristocrates.

Un autre thème abordé dans cet ouvrage m’a particulièrement plu : les prémisses du féminisme à cette période, avec les très fortes figures d’Olympe de Gouges et de Théroigne de Méricourt notamment. Au-delà d’une belle histoire (vraie, je le rappelle), Emmanuel Dongala nous sensibilise à la condition humaine et à la naissance d’une volonté d’égalité entre les êtres humains. Et cela nous rappelle que ce combat est encore loin d’être fini.

J’ai passé un très agréable moment au fil de ma lecture de La Sonate à Bridgetower, mais j’ai également beaucoup appris sur une période révolue et sur la vie d’un personnage que je ne connaissais pas du tout. Ce roman est très facile à lire, bien qu’il fasse 400 pages, on ne voit pas le temps passer.

A consommer sans modération !

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